AE novembre 2011, suite et fin "Nous avons appris

AE novembre 2011, suite et fin

"Nous avons appris à tracer dans le sable lentement".

Elle avait appris à marcher sur la plage. C'était à 'la Vague', où chaque été se répétait le même rituel. Plus que ça même, un besoin pressant pour la mère, vite oppressant pour le père. La Vague : lieu de restauration rapide entre baignades et babyfoot, frites et oursins arrosés de vin blanc.

Il fallait marcher longtemps sur le dos strié du sable avant d'avoir enfin de l'eau à la taille. Cela rassurait la mère, trop occupée à accepter son exil. Celui du ventre de sa mère. Qui échappe à cet exil-là ?

"Puis vient le jour où le chien s'en va tout seul sur la route", laissant place libre au désir. Au départ des iles côtières où le père les embarquait à l'aventure d'une petite coque de bateau, les cris de la mère ponctuaient le voyage.

"On voudrait parcourir on arpente". Jusqu'au trous creusés par les petites mains dans le sable pour atteindre l'inconnu. Rejoindre avec le regard étonné de l'enfant, ce lien avec nos origines. Eau salée qui remontait toujours et finissait par faire crouler les châteaux de son lointain MoyenÂge.

On voudrait parcourir. On arpente le monde. Elle lié et délié tous les chiens rencontrés sur la plage, laissé vivre ses désirs, avec parfois du vague à l'âme. Elle a appris à tracer son chemin sur le sable.

Lentement.