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picpech
4 juin 2012

L'âne Agram, bourre et bourre et ratatam

L'art du bout de la route du Troubadour

 

ou

 

La destinée enchantée de l'âne Agram, et bourre et bourre et ratatam

 

 

 

 

 

Le Troubadour Oubartrou s'en allait sur les chemins, vers la cité radieuse de Oudau-Bator, par-ci cherchant l'art du bout de la route, trouvant par-là la rime de l'or du bas si fou.

 

 

 

Ses maîtres, autrefois parfois accoudés au comptoir d'un bar trop doux, penchant dangereusement devant des boissons pleines de degrés comme de l'eau de feu qui bout tout autour de celui qui la boit, ses maîtres donc disais-je, lui avaient enseigné la nécessité de regarder toujours de côté les choses d'amour trop brillantes, leur vérité vraie était - disaient-ils - cachée à ceux qui s'éblouissent tardivement à la clarté commune.

 

La seule évidence est la vie dense des fous et la danse de vie des doux posant le bât sur leur âne, puis s'en allant tout au long des routes” enseignaient-ils à tout bout de champs ou du fond des forêts profondes, en langue d'Oc, langage doux de l'Auberge du troc d'amour, debout ou bien couché par la force des courant d'airs les traversant. C'est pourquoi ils s'allongeaient volontiers sur des traversins, rêvant aux seins fermes troublant doucereusement ces hommes de l'art.

 

Maîtres de l'art du Trocar du doux bout, ils ne remplissaient pas leurs verres aux trois-quarts.

 

 

 

Ainsi, ne se sentant plus de joie, fou de vie et doux à l'art de l'outre, joyeusement Oubartrou s'en allait, évitant les trous de la route et comblant ceux de son âme, accompagnant l'ivresse de vie de la sauvagine, longeant les rivières aux loutres badines, ne triant pas l'ivraie du grain des mots du pain de sa mie qui viendrait, il savait qu'elle viendrait sur sa route, et lui parlant à voix haute, juste accompagné du frémissement des oreilles de son âne, le doux âne Agram, le seul qui l'écoutait vraiment, le seul qui le regardait tendrement quand, pétant tout en marchant, il rimait au long du rythme de ses pas, comme un dément déclamant odes, babils et chansons dans le vent.

 

Le jour où je l'ai croisé, il ne me vit point. Son regard était tourné en dedans de lui-même, sa main caressant les feuilles et les troncs des arbres doux, là où nichent les chouettes dans les trous.

 

Je me tu, bordant son chemin comme on borde un lit où se brode l'amour, et celui-ci chantait :

 

 

 

Amour

 

Toujours

 

Brioche, ratatam et bourre et bourre,

 

J'aime ton pain blond sortant du four,

 

Cybèle boulangère d'Eourres,

 

Mon pas parfois si lourd,

 

S'éveille, vole et vers toi accourt,

 

Ton corsage gonfle à son tour,

 

Ton corps pas sage m'obsède tout le jour,

 

Moi fol âne folâtrant pérorant un vil discours,

 

Aux modestes animaux dits de basse-cour,

 

Perdrix, poules, coqs, oies, jars et abats-jours,

 

Joie des voix des bois des alentours,

 

Pardonnez-moi si je me goure,

 

Aux cris de mon âme ne soyez pas sourds,

 

Amour

 

Toujours

 

Brioche, bourre et bourre et ratatam

 

 

 

Ce à quoi son âne, s'amusant grandement, répondait en brayant, “Hi han, Hi han, Hi han !”

 

Vous voyez bien ainsi que c'était là un vrai Troubadour, pas un de ces de tous les jours.

 

 

 

Il s'en allait ainsi par monts et par vaux, passant par la vallée des mots et par les Monts Baourdrot.

 

Sans le savoir il suivait ce jour le cours de l'Adour Boutre, ru alors en rut, charriant de la poussière d'or, Adour troublé par les pluies de roses, celles avec lesquelles les poètes font du brou d'Ator, encre sympathique pour auteurs badins ne battant pas leur coulpe, pour composer des lettres d'amour dru adressées par train d'amour brut aux brus d'outre-Tao.

 

 

 

C'est pourquoi, comme cela devait arriver dans cette histoire, le long du cours d'or déchaîné, brillant intérieurement mais caché par les pétales de roses, chemin faisant, il croisa une faisane nubile nommée Braoudot, précisement sur la route d'Arbou, celle qui mène au bout du bout.

 

Comme Vénus, elle sortait des eaux et était nue. Elle aussi fut troublée, pas vous ?

 

 

 

L'Amour les foudroya net et sans bavures. Les crapauds se cachèrent sous les pierres, l'espérance d'un baiser le rendait Prince, elle telle l'ivresse d'une Princesse qui ne ne veut point que le printemps cesse, faisane devenant Reine aux yeux de celui qui l'aime.

 

Ils se regardèrent profondément dans les yeux, se reconnurent amants depuis bien avant la nuit des temps, et, immédiatement, boum badaboum, se cachèrent dans un trou d'amour selon l'Art trad Houbou, et bourre et bourre et ratatam et boum et boum et on s'exclame !

 

 

 

C'est pourquoi, comme il se doit en ces temps-là, et c'est ainsi que jeunesse se passe, il était une fois qu'ils eurent de nombreux petits Troubadours et Ménestrels, Pastoureaux et Pastourelles, oiseaux et oiselles qui formèrent le plus joli orchestre d'Amour jamais vu sur cette Terre troublée de tant d'entrain.

 

 

 

Puis, cheminant à leur tour quand fut venu leur tour de bader et d'apprendre à s'en aller marcher, leurs enfants s'en furent main dans la main sur les chemins ; les bardes Outrou au charme fou, accompagnés par les grandes prêtresses du rite Douratou Bao, leurs sœurs si belles de cette cour si secrète, noblesse de lettres folles et lestes, lignage de nobles paysannes au beau chant de belle cour et de Petits Pages d'écrivain jetant l'encre pour la mère de l'amour, théorème de quadrature du cercle issu de Braoudot, reine nubile nue, faisane troublante d'amour et d'Oubartrou, troubadour badin badaboum, prince fou de chanson de geste.

 

 

 

Et l'âne Agram ? Il vieillit depuis doucement, tranquillement, dans mon champs, et, comme moi, tout en pétant continue de clamer à tous vents “Hi han, Hi han, Hi han !”

 

Gilles LLORET


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