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picpech
6 février 2013

Atelier d’écriture du 12.01.2013 (Texte de

                                                                            Atelier d’écriture du 12.01.2013
 (Texte de Patrice)

Le présent  pend
L’éphémère perd
Maintenant s’épand
Un instant s’éprend
La mandorle perle


Le présent pend comme la mâchoire d’icelui qui dort, qui ronfle même remplissant ce bref après-midi d’été d’un vrombissement presque comique. La mâchoire pend et de la bouche ouverte accrochée à la lèvre, un appareil dentaire qui se balance fait la joie des enfants. Au pied d’icelui dans ce coin légèrement à l’écart de la fête, une bouteille de vin aux deux tiers vide tient en équilibre précaire.
 L’éphémère perd tout attrait pour le garçon d’honneur amoureux qui voit sa belle rire et danser au bras d’un autre. Un vol de libellules, les galipettes du curé, les fesses de la marquise entrevues, tout ce collier d’éphémère qui faisait briller le cœur, s’est rompu. Il pleure derrière ses rires.
Maintenant s’épand, pour la mariée qui voit sa liaison s’ancrer dans l’honorable, ses passions charnelles rejoindre le livre des fantasmes ordonnés, des allusions répertoriées. Qui lorgne sur le parking son inscription dans le gotha du cru.
Un instant s’éprend pour le gamin boudeur qui louche sur les seins de sa cousine qui rit trop fort, bien trop fort. Cette chair attachée… mais peut-être que ce caché qui se jette à ses yeux, ce corps qui l’embrase d’une moiteur encombrante quand une heure avant, ce cortège gluant de rires et d’ennui, le dégoutait. Et au détour d’une danse idiote, ce choc contre Isidora et cet improbable et sournois feu allumé dans le sien.
La mandorle perle. Marie…avec un nom pareil, la plus fermée des demoiselles d’honneur…à l’écart dans la voiture…qui se caresse, les joues rouges, la poitrine oppressée. Quelques chèvres broutaient autour de la 405 lustrée et le bouc qui voit son reflet fonce sur la portière. Elle voudrait crier mais elle n’est pas trop sûre de savoir pourquoi. Elle sent ses doigts légèrement poisseux. Elle entend l’accordéon de l’oncle Norbert qui fait danser les convives, des rires. La sonnerie d’un réveil aussi incongrue qu’inattendue la fait sursauter. C’est la mémé qui l’a mis dans son sac, sur la banquette, et s’est encore mélangé les aiguilles…
Le présent pend, perd, s’épand, s’éprend. La vie perle…
(Suite d’Anne)
A ce moment précis une tortue pointa le bout de sa queue : elle avançait à reculons ! Par sa carapace, ronde comme le ciel sur le dessus et plate en-dessous comme la terre, elle représente l’univers et constitue à elle seule une cosmographie… Elle trébucha sur le cadavre d’une bouteille transparente, au goulot orné d’une étiquette mystérieuse « Calvados 63 » ! Attention danger se dit-elle en repartant cette fois dans le bon sens.
C’est alors qu’une bourrasque venue du ciel, décrocha l’unique feuille qui virevolta par la fenêtre sous le nez de la jeune fille ahurie qui sortit de ses limbes et lui fit cette déclaration : avec amour je te demande pardon  jolie feuille de joie…

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