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8 juin 2012

PARANOÏA

Atelier d'écriture de Odile Pommier, le 26 mars 2011, Pont-Lagrand

 

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Récit-parcours-patchwork où doivent apparaître dans l'ordre des mots choisis dans une liste au choix (ex : Exercices de style de Raymond Queneau)

 

Liste 1: un homme – à l'aéroport – gros – hôtel – argent – amour – technologique – théâtre – avion – normalement.

 

Liste 2 : forêts – rêveries – cîme – solitaire – passage – secret instinct – voix du ciel – régions inconnues – orages – démons – coeur.

 

 

PARANOÏA

 

C'était une question de survie. Depuis plusieurs jours je suivais un homme qui prenait un malin plaisir à me filer entre les pattes. C'était le genre de type à pouvoir faire de gros dégâts à l'aéroport, rien qu'en claquant des doigts, du genre distillateur : certains m'avaient dit qu'il faisait disparaître ses victimes dans du kirch, voilà pourquoi il en avait toujours une petite fiole sur lui...

 

Ce jour là, j'en eu gros sur la patate, je quittai l'hôtel très tôt, en laissant l'argent sur la table de nuit, contemplant une dernière fois le corps de Lola.

Elle s'étirait juste pour me prouver que son amour tarifé valait vraiment la peine que l'on prenne le temps de passer au distributeur de flouze, en grosse coupure, SVP !

 

Mais je devais lever le camps car sinon c'en était fait de moi. Je me remis sur les rails de ma traque. Je savais que le distillateur à tout vent devait avoir une entrevue avec Hubert Von Krapensy, à propos d'un échange de point de vue sur l'utilité de l'uranium enrichi dans la balance des paiements de la Triade Dorée, celle qui paye en valise à double fond, le haut joliment rempli de biftons, le fond qui fait tic tac boum, si tu n'y prend pas garde.

 

Le gros et gras distillateur s'approchait du lieu du rendez-vous, j'avais réussi à lui coller au train. Quand il passa devant la Trabant innocente et qu'elle fut vaporisée par l'explosion, pour un distillateur c'est la moindre des choses, je me dis que le monde libre et corrompu avait encore une certaine avance technologique, mais pour combien de temps encore ?

 

Ce n'est que quelques heures après, en voyant la pièce de théâtre jouée aux actualités de la télé que je compris mon erreur ! Ils en avaient après moi, qui était décrit trait pour trait, et surtout mes traits de caractère préférés, décrit comme le suspect n°1 par nos gentils services secrets, je sentais sur ma nuque leur haleine morbide.

 

Il fallait que je disparaisse et fissa. Heureusement j'avais gardé le trousseau de clef, anodin, que Lola m'avait donné en me disant : « Ce serait dommage qu'un gars avec des yeux pareils ne puissent plus regarder les avions s'envoler... ».

 

Je me dirigeai vers sa planque improbable, introuvable, inattaquable. Il s'agissait de la loge de concierge du Ministère des Affaires Étranges... Là je pu reprendre ma vie, peinard.

Lola ne devrait plus tarder.

Enfin, normalement...

 

Gilles LLORET

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