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picpech
3 janvier 2014

Cris écrits, mots émus et autres balivernes

Francis

Anne 

Patrice

Gilles

Igor

Odile

Jean Pierre

 

Sur le chemin de crête le vent se fit plus violent.‭ ‬Les chevaux avançaient d'un pas régulier,‭ ‬insensibles au paysage nouveau qu'ils découvraient,‭ ‬simplement soulagés‭ ‬de l'effort de la montée.

Le ciel gris,‭ ‬pale et uniforme,‭ ‬nous faisait craindre la neige.‭ ‬Il était déjà tard en saison pour descendre les bêtes de l'estive mais Louis avait décidé de finir son chantier de maçonnerie.‭ ‬Et on s'était retrouvés à gâcher le ciment pendant une semaine avant de pouvoir partir comme prévu chercher les chevaux.‭ ‬Entre temps l'automne s'était avancé. 


 A midi une pluie froide se mit à tomber. Nous étions fatigués et affamés.

 

La nuit dernière n'avait pas été fameuse,‭ ‬à trois sous la petite tente au bord de ce terrain de foot municipal,‭ ‬parc insolite mais clôturé où Louis avait laissé son troupeau pour la nuit.‭ ‬Au matin l'eau avait gelé dans les bidons et de petits tas de crottin fumants parsemaient la pelouse.‭

"Si on veut être arrivés avant midi,‭ ‬pas le temps de faire du café‭" ‬avait il dit en sortant une flasque de rhum dont il avait prit une bonne rasade,‭ ‬en vrai cow boy qu'il rêvait d'être,‭ ‬puis il me l’avait tendue.‭ ‬Après en avoir pris la dose suffisante pour me sortir de mon sac de couchage,‭ ‬je l'avais passée à Annie qui avait décliné l'offre d'un geste maussade.‭ ‬Visiblement,‭ ‬la vie de cow boy avait déjà perdu tout attrait pour elle.

‭«‬ Bon,‭ ‬on traîne pas dans le coin‭ «‬ avait dit Louis en jetant un coup d’œil sur l’état du terrain de foot.‭ «‬ Vous rangez le camp pendant que je selle les chevaux ‭?‬ ‭»‬.‭ ‬Mais ce n’était pas vraiment une question.

 

 Après la crête le chemin plongea à nouveau dans la forêt.‭ ‬Il devint pierreux et inégal.‭ ‬Plusieurs fois ma jument trébucha.‭ ‬Louis s’emporta‭ "‬ Cette feignasse,‭ ‬elle n’est même pas capable de lever les pattes."‭

Je me mis à rêver‭…

Ce soir,‭ ‬après avoir parqué les chevaux,‭ ‬et dessellé les chevaux,‭ ‬et pansé les chevaux,‭ ‬et leur avoir donné du foin et de l’eau,‭ ‬aux chevaux,‭ ‬on s’installerait enfin dans la petite maison où Guy nous attendait.‭ ‬Il aurait préparé un plat chaud et réconfortant.‭ ‬Je me voyais très bien,‭ ‬dos au poêle,‭ ‬attaquer le cassoulet que je ferais descendre de petits coups d’un‭ ‬ Minervois bon teint,‭ ‬puis couler dans une douce ivresse,‭ ‬peut être même rire des péripéties de cette chevauchée et de mes ampoules aux fesses,‭ ‬pour finalement m’allonger sur mon lit et sur le ventre.‭ 

Un peu de patience‭…


C’est alors que le cri jaillit,‭ ‬quelque part dans la forêt en contrebas.‭ ‬Un cri qui nous fige tous,‭ ‬hommes et bêtes.‭ ‬Comme un loup hurlant à la lune,‭ ‬mais ce cri est aussi humain.‭ ‬Il fuse très haut comme sous l’effet une douleur intolérable puis redescend lentement pour finir dans un sanglot exténué.‭ ‬Nous nous regardons longuement en silence après qu’il se soit tu.

Quand finalement Louis ouvre la bouche pour tenter de reprendre l’initiative c’est le cri qui fuse à nouveau et lui fait ravaler ses mots.‭ ‬Il semble venir d’un rideau d’arbres bordant le ruisseau,‭ ‬à cinquante mètres tout au plus.

Louis,‭ ‬déstabilisé,‭ ‬en devient furieux.‭ ‬Il saute de son cheval et dévale la pente à grandes enjambées.‭ ‬C’est alors que le cri jaillit une troisième fois,‭ ‬plus horrible,‭ ‬plus glaçant encore,‭ ‬plus douloureux,‭ ‬et remplit le vallon d’une pure terreur.‭ Louis se ravise.‭ ‬Il se tapit dans les fougères,‭ ‬le souffle court.‭ ‬Puis il s’étend par terre de tout son long et rampe délicatement jusqu’au ruisseau.‭ ‬Je le vois tout à coup se relever tout droit dans le vent et hurler:

 


 « REGARDEZ!»


A ce moment elle apparut, nue, une femme fine comme une liane. Une femme apeurée, à une dizaine de mètres, lovée sur la branche d’un grand chêne. Une femme, les mains sur la bouche, les yeux écarquillés, affolée par notre apparition. Criait elle déjà avant de nous voir ou criait elle de nous avoir vus?

Notre nervosité gagna les chevaux qui se mirent à hennir, inquiets, et à tirer sur leurs rênes.Le temps de les calmer, la femme avait disparu. Le paysage était vide. Une vieille houppelande gisait sur le sol, que Louis tâta du bout de la chaussure. A cet instant un long serpent en émergea et fila vers le ruisseau.

Silencieux, nous reprîmes notre chemin .Nous chevauchions un peu comme dans un rêve, indifférents au jour qui baissait, ressassant les images de cette apparition. Avions nous été victimes d’une hallucination née de la fatigue. Quoique la houppelande fusse bien réelle. mais le cerveau n’est il pas capable,happant à son insu un élément tangible, profitant de sa fatigue, de créer le plus séduisant des fantômes?


A notre arrivée, une grande marmite mijotait sur la cuisinière. Ca sentait bon. Thomas, vieux berger célibataire et voisin de Guy était là.

- C’est moi qui ai fait à manger, j’èspère que vous aimez la daube de cheval?

Devant le visage congestionné de Louis, il s’empressa d’ajouter:

-Mais non, je blague, c’est du ragoût de chien!

Il aimait rire.

 Nous n’étions pas là depuis plus de cinq minutes que nous parlions déjà de notre étrange rencontre. Guy pensait que nous essayions de le faire marcher. Thomas ne disait rien. Le connaissant, nous n’étions pas surpris. Tout ce qui se rapportait au surnaturel ou à la sorcellerie étaient choses dont on ne peut parler facilement, légèrement, encore moins avec des étrangers au pays, certes sympathiques, mais étrangers néanmoins. Nous attendions notre heure.

Après quelques bouteilles, alors que nous relancions une fois de plus notre histoire, il finit par nous dire à mi voix qu’elle n’était pas nouvelle mais qu’elle venait d’une malédiction dont l’origine se perdait dans la nuit des temps. Dans les environs,‭ ‬une jeune femme d'une beauté sublime,‭ ‬que le seigneur convoitait et à qui elle se refusait,‭ ‬usait d'un stratagème pour repousser ses avances.‭ ‬Ayant promis de se donner à lui s'il trouvait la réponse à des jeux à base d'énigmes,‭ ‬elle repoussait sans cesse ce triste moment en donnant sans cesse une solution différente de celle que lui fournissait le soupirant.‭ ‬Les dites énigmes, élaborées par un berger avec qui elle filait le parfait amour,‭ ‬recelaient toujours plusieurs résolutions,‭ ‬ce dont jouait la belle avec son benêt de soupirant.‭ ‬Malheureusement,‭ ‬l'homme les surprit un jour,‭ ‬et fou de rage,‭ ‬comprenant que la fleur de la jeune femme était fanée depuis longtemps,‭ ‬jura de se venger.‭ ‬Il consulta un puissant sorcier qui jeta un sort sur celle-ci.‭ ‬Chaque soir,‭ ‬au coucher du soleil,‭ ‬elle et toute les premières filles de sa descendance,‭ ‬se transformerait en serpent.‭ ‬Et la seule possibilité d'effacer la malédiction,‭ ‬à travers les âges,‭ ‬serait de réitérer à l'identique,‭ ‬le cri qu'elle poussa,‭ ‬la première fois qu'elle se transforma.‭ ‬C'est pour ça,‭ ‬que dans les environs,‭ ‬depuis la nuit de temps,‭ ‬tous les soirs,‭ ‬un cri déchire le silence.

 

-Mais bien sûr, ça explique tout s’exclama Guy, moqueur, persuadé qu’on s’était entendu avec Thomas pour lui monter ce canular.

Thomas se rembrunit et nous quitta, prétextant la fatigue. Nous montâmes nous coucher, troublés.


Le lendemain nous n’avions plus envie d’évoquer ce moment étrange, inexplicable, qui nous avait mis mal à l’aise.

 

Je rentrai à Toulouse. La fin du trimestre approchait, j’avais beaucoup de travail et m’efforçai d’oublier cet épisode. Je n’avais pas de nouvelles de Louis, qui n’en donnait jamais sans être sollicité. Annie était partie dans les Pyrénées pour la saison, à la recherche d’un boulot. Elle m’appela un soir.


Soucieuse de faire renaître les petits métiers d’antan, elle avait tenté avec un comparse de monter un spectacle ambulant de montreur d’ours à la sauvette mais avait dû y renoncer , la location du costume coûtait trop cher et ils avaient failli se faire lyncher par un parti d’écologistes. Sinon elle allait bien, et me demandait si j’avais entendu parler de «la Nuda» une femme sauvage retrouvée il a longtemps par des paysans ariégeois, errant nue dans la montagne et qui poussait des cris terrifiants.

-Ça rappelle quelque chose, non? Des gens d’ici m’ont parlé de cette légende quand je présentais mon spectacle. Vas voir sur internet!

J’y allai donc et appris tout ce qu’on pouvait savoir et supposer sur la femme de Vicdessos, encore appelée la folle de Montcalm. Elle avait été finalement capturée, enfermée et avait été déclarée morte en prison mais on n’avait jamais retrouvé de précision sur son enterrement ni sa tombe.

Certes, de nombreux points troublants, mais il y a loin de Montcalm à la Montagne Noire, et pas trace de serpent ni de houppelande...

Je remarquai alors dans la bibliographie une étude intitulée «Femmes sauvages des montagnes et des bois», suivi le lien et trouvai ceci parmi plusieurs cas mentionnés:

Rapport du Dr Joshua Osborn


Faculté de médecine de B.


 Mlle A.‭ ‬nous a été adressée,‭ ‬le‭ ‬3‭ ‬septembre de cette année,‭ ‬suite à un incident survenu dans les landes de U.

Cette jeune femme y a été retrouvée presque nue.‭ ‬Elle avait été aperçue plusieurs fois,‭ ‬perchée dans les arbres.‭ ‬Elle semble se nourrir presque exclusivement de baies et de fruits sauvages.‭ ‬Ce n'est pas à proprement parler une enfant sauvage,‭ ‬comme l'a bien décrit notre confrère le professeur I.

Il a été rapporté plusieurs fois par les témoins,‭ ‬qu'elle pousse un cri.‭ ‬Est-ce là un mode de défense ou au contraire une tentative pour se signaler ‭?

Elle semble parfaitement connaître les lieux.‭ ‬Suite à un épisode traumatique‭ (‬supposé‭)‬,‭ ‬elle semble être devenue silencieuse.

Nous l'avons reçue dans notre service et j'ai pu établir un début de communication.‭ ‬Elle s'identifie à l'oiseau et semble à la fois rechercher et redouter quelque chose‭ (‬chose étant un mot bien faible‭) ‬ou quelque créature ayant la forme d'une anguille ou d'un serpent.

Suite à notre consultation,‭ ‬Mlle A.‭ ‬a tenté une première fois de s'échapper de notre établissement.‭ ‬Elle a de redoutables capacités d'escalader les façades en s'agrippant aux balcons métalliques.‭ ‬Sa deuxième tentative a réussi et elle semble avoir regagné son lieu de vie habituel.


My best regards to you all,

Dr J.‭ ‬S.‭ ‬Osborn.


Bingo! là, il y avait tout: la femme sauvage et nue, les cris, le serpent. Même si, à la réflexion on n‘y trouvait pas non plus trace de houppelande, il y avait des similitudes vraiment incroyables. Et ça se passait en Angleterre! Cette légende, qui semblait de moins en moins en être une mais plutôt une sorte d‘hallucination collective perdurant à travers les pays et les âges, on devait pouvoir en trouver d‘autres traces. Peut être même depuis...Adam et Eve! (remplacer la houppelande par la pomme). J‘allais écrire une nouvelle page de la mythologie, commune à toute l‘humanité cette fois, j‘allais décrire un mythe fondateur qui jetterait une lumière nouvelle sur nos rêves et leurs analyses, nos désirs et leurs perversions!


Je me jetai sur mon clavier et tapai: femme nue sauvage cri serpent.


Il me fallu du temps pour me débarasser des dix pages de sites pornographiques dont l‘éclairage trop primaire ne présentait pas d‘intérêt dans le cadre d‘une recherche universitaire. Je finis par supprimer „nue“ et j‘eu droit aux sites de rencontres, ce qui était plus convenable mais toujours assez peu pertinant. “Cobra femme à petit prix“ attira mon attention malgré tout, mais il s‘agissait de montres féminines.

Quelques heures plus tard n‘ayant rien trouvé d‘interessant, je m‘apprêtait à aller dormir quand les mots „cri“ et „serpente“ me renvoyèrent à un site éditeur de nouvelles où je pu lire ce texte à deux voix:


Il avait surgi un beau matin de juin, dépassant d'une tête les passagers du vol 8974 venant de Tel-Aviv, cheveux hirsutes et chaussé de vieilles sandales qui avaient fait du chemin..

Il avait atterri sur sa terre natale. Depuis tout ce temps..
Un sentiment de peur avait longtemps voyagé à ses côtés mais maintenant une colère sourde l’avait remplacé .L'épaisseur des mots, telle une cru que rien n'arrête, avait creusé son visage de sillons.

La voix d'une hôtesse d'accueil résonnait irréelle dans les hauts-parleurs.

A pied cette fois, il remontait les gorges pour arriver au village en passant par le nord. Il se sentait plus tranquille..
Reprendre son souffle. A l'ombre d’un chêne majestueux, parsemé de paillettes jaunes d'or,redevenir un enfant. Se poser un instant. . La pente rocailleuse, le parfum des genêts à balai, tout lui rappelait son enfance Un soleil d’or liquide éclaboussait tout ce qui émergeait de la brume. Sur chacun des brins d’herbe ployés, la rosée perlait de milliers de perles de verre éphèmères. La terre fumait. les genêts embaumaient. Au loin des chevaux hennissaient.

En atteignant ces collines, sa mémoire semblait ressurgir d’un trou noir: il se rappelait comme il avait marché, marché, marché, traversé landes et marais, côteaux et forêts, routes et canaux franchis en une nuit, animé d’une énergie qu’il ignorait jusqu’alors. A bout d’adrénaline, il avait cherché l’endroit propice. De l’eau. Des arbres, de l’ombre, un creux où se blottir.
De quoi se cacher des regards.
De quoi allonger son corps.
Un endroit où dormir.
Rêver enfin, mettre fin à ce jour de cauchemar.

Etait-ce le moment d’être sentimental?
Ne fallait il pas qu’il reste en éveil, évitant les écueils de sa faiblesse renaissante?
Il reprit bientôt son chemin, silhouette sombre se faufilant dans le paysage matinal .La vie ne lui avait laissé d'autre choix que surgir.

C'est alors qu'il entendit le cri

 Une silhouette sombre se faufile dans le paysage matinal.

Les genêts embaument.
Je n'aime pas cette sensation d'étrangeté‭ ! ‬Ici c'est moi la gardienne des lieux et je n'ai jamais supporté d'intrusion dans mon espace secret.

Alors je lance mon cri strident figeant son élan tel un animal touché en pleine course.

Il est tapi dans les fougères‭ ‬ le souffle court,
Moi aussi je patiente perchée sur ma branche.
Il s'étend par terre de tout son long et rampe délicatement jusqu'au ruisseau.
Je le vois tout à coup se relever tout droit dans le vent, faire volte face. Son regard me foudroie net.Il s’est repris et la peur a changé de camp. Je sais qui il est. Il m’a reconnu. Il sait que cette sauvage hirsute, cette demi folle est celle qui l’a aimé, celle qu’il a rejeté, celle qui s’est vengée en le dénonçant, lui, le réfugié de ce village paisible, loin des rafles. Pourquoi est il revenu?

Aussi vite que peuvent me porter mes jambes nues je m’enfuis à travers la montagne, Je m’écorche aux ronces, mes pieds saignent, mes poumons brûlent, je file en ligne droite, ignorant le sentier qui serpente sur la lande et ses houppes de buissons bas.

Son image me poursuit depuis cet instant. 

Avant je volais, je grapillais,je chantais et je dormais!

Depuis ce cri, je n’ai jamais plus fermé un œil et ma tête a chavirée toute entière.

Je ne suis plus un oiseau,‭ ‬je suis devenu l'ombre de la lune et me suis fondue dans le silence....

 

 Encore une fois, si semblables et si différents... Les «cow-boys» de la Montagne Noire, des paysans ariégeois, un medecin anglais, un rescapé des camps, tous confrontés à cette apparition... irréelle? Où était le lien?


J’avais l’impresssion d’avoir fait le tour du net sur la question et j’avais peu avancé. J’étais un peu déçu et en tout cas bien trop fatigué pour envisager une suite possible à ma recherche. Je montai me coucher.

 

Le lendemain je me levai avec peine et allai prendre un café «chez Edgar», mon petit luxe matinal.

Je feuilletais paresseusement les pages intérieures du Midi Libre survolant les photos du concours de boule , de la course cycliste où s’était distingué notre jeune départemental, le compte rendu du conseil municipal qui avait opposé M. Girardin à M. Duclos à propos de l’emplacement du rond point sur la departementale 428, sans oublier l’assemblée générale du club de gym, quand je tombai sur cet article d’un correspondant local intitulé «Quand Mme Dugenest honore la tradition familiale»

 «Hier encore, comme tous les ans, sinon depuis la nuit des temps du moins depuis fort longtemps, Mme Dugenest, en présence des représentants de la municipalité, des écoles et de la société historique de Mazamet , a poussé, au lieu-dit «La Lande à Henri» le fameux cri historique, dit «cri de la pucelle». Mme Dugenest, mariée depuis plusieurs années, se dit néanmoins profondément impliquée dans cette cérémonie qui sera retransmise par FR3 aux infos de 19H mercredi prochain. Elle s’inscrit en effet dans une longue histoire. Laissons Mme Dugenest nous la conter:


«En toute propriété,‭ je sais‬,‭ ‬par les archives,‭ ‬que ces parcelles ont été léguées à ma famille par un pur descendant des Plantagenêts.‭ ‬ Cela remonte au Moyen-age bien sur.‭ ‬Un Plantagenêt avait posé culotte derrière la haie,‭ ‬face au grand ravin,‭ ‬tandis que mon aïeule,‭ ‬jeune et jolie bergère errait dans la lande brumeuse en quête d'abandon,‭ ‬de promenade méditative,‭ ‬de bonheur introspectif.‭ ‬C'était une rêveuse.‭ ‬Quand elle aperçu ce gros bonhomme accroupi derrière le bosquet,‭ ‬et qui la regardait droit dans les yeux,‭ ‬elle poussa un grand cri,‭ ‬un cri guttural,‭ ‬strident,‭ ‬cri unique issu de ses tripes.‭

Pour la première fois ce cri résonna sur la lande,‭ ‬les échos se le renvoyant de sommets en sommets.‭ ‬Pour se faire pardonner de la frayeur causée à cette jeune fille,‭ ‬Plantagenêt fit cadeau de la terre,‭ ‬de toute la lande,‭ ‬de toutes les plantes à genets‭ !!!

Ce cri,‭ ‬empreinte de ma famille se renouvellera pour différentes raisons de générations en générations.»


Notons cependant cette année un incident qui écourta quelque peu cette cérémonie empreinte habituellement d’une si paisible solennité. Après que Mme Dugenest eu poussé son cri, d’autres cris lui répondirent, provoqués par la découverte simultanée de plusieurs reptiles de belle taille sur la parcelle. Dans le début de panique qui s’ensuivit, de nombreux assistants ont abandonné leurs houppelandes. Elles sont à réclamer à la mairie.»

 

-Edgar, t’as mis quoi dans mon café?

-?, rien, ça va pas?

Je pliai le journal et sortis de là le cerveau saturé, je n’aurais pas su dire de quoi, si ce n’est de fatigue, peut être.

 

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